
Objet et mise en place de la prime de partage de la valeur
Définition et objectifs du dispositif
La prime de partage de la valeur vise à permettre aux entreprises de verser une prime exonérée de cotisations sociales (dans certaines limites) à leurs salariés. Ce dispositif est facultatif, mais il constitue un outil puissant de reconnaissance et de motivation interne. Il traduit la volonté de l’État de favoriser une meilleure répartition des richesses générées par l’entreprise.
Modalités de mise en place dans l’entreprise
La PPV peut être mise en place soit par un accord collectif (entreprise, groupe ou branche), soit par une décision unilatérale de l’employeur après consultation du CSE, lorsqu’il existe. Cette flexibilité permet à chaque structure, quelle que soit sa taille, d’adapter le dispositif à sa stratégie sociale et financière.
Durée et périodicité du dispositif
La PPV peut être versée en une ou plusieurs fois au cours d’une même année civile. L’accord ou la décision fixe les conditions et la période de versement. En 2025, la mesure est pérenne, sans limitation de durée dans le temps, mais son application doit rester conforme au cadre légal et déclaratif en vigueur.
Cas des entreprises multi-établissements
Les entreprises disposant de plusieurs établissements peuvent adapter la PPV à la réalité de leurs unités de travail. Les modalités de calcul et d’attribution peuvent différer d’un établissement à l’autre, à condition que les critères restent objectifs et non discriminatoires.
Principe de non-substitution au salaire
La PPV ne peut en aucun cas se substituer à un élément de rémunération existant. Elle ne doit pas remplacer une prime contractuelle, une augmentation ou tout autre avantage salarial. Ce principe garantit la légitimité du dispositif et la préservation des exonérations associées.
Consultation du CSE et formalités préalables
Avant le versement de la prime, l’employeur doit consulter le Comité Social et Économique (CSE), sauf si aucun CSE n’existe. Le procès-verbal de consultation et la décision doivent être conservés pour prouver la conformité en cas de contrôle URSSAF.
Critères d’attribution de la prime
Salariés éligibles à la prime
Tous les salariés liés à l’entreprise par un contrat de travail à la date de versement (CDI, CDD, temps plein, temps partiel) peuvent bénéficier de la PPV. Le dispositif s’applique également aux apprentis et alternants sous certaines conditions.
Possibilité de prévoir un critère de rémunération
L’entreprise peut moduler la prime en fonction de la rémunération perçue, du niveau de qualification, de l’ancienneté, ou encore du temps de présence effectif. Ces critères doivent être clairement définis et équitables.
Cas des apprentis et stagiaires
Les apprentis peuvent bénéficier de la PPV au même titre que les autres salariés. En revanche, les stagiaires ne peuvent pas en bénéficier, car ils ne sont pas titulaires d’un contrat de travail.
Mandataires sociaux
Les dirigeants assimilés salariés (présidents de SAS, gérants minoritaires de SARL) peuvent être bénéficiaires s’ils sont éligibles au régime général et inclus dans le périmètre de l’accord ou de la DUE.
Intérimaires et salariés des groupements d’employeurs
Les intérimaires peuvent percevoir la PPV si l’entreprise utilisatrice en verse à ses salariés permanents. Dans ce cas, c’est l’agence d’intérim qui effectue le versement. Les groupements d’employeurs suivent le même principe de parité.
Cas particuliers : absences, temps partiel, congés
Les périodes d’absence ou de congé peuvent être prises en compte selon les modalités prévues dans l’accord. Toutefois, une modulation excessive pourrait remettre en cause le caractère collectif de la prime.
Montant et modulation de la prime
Montant de base et plafonds applicables
En 2025, le montant de la PPV est librement fixé par l’entreprise, dans la limite des plafonds d’exonération. En pratique, la moyenne versée en France oscille entre 400 € et 1 000 € par salarié, selon la taille et la santé financière de l’entreprise.
Modulation selon des critères objectifs
La modulation peut se fonder sur des critères tels que la durée de présence, le niveau de qualification ou la performance individuelle. Ces critères doivent rester transparents, vérifiables et définis avant le versement.
Exemples pratiques de calcul
Exemple : un salarié présent à mi-temps peut percevoir une prime équivalente à 50 % du montant de référence. De même, un salarié ayant intégré l’entreprise en cours d’année peut recevoir une PPV proratisée.
Limite d’exonération de la prime de partage de la valeur
En principe, un plafond jusqu’à 3 000 €
Le plafond d’exonération standard est de 3 000 € par salarié et par an. Au-delà, la partie excédentaire est soumise à cotisations sociales et à l’impôt sur le revenu.
Dans certains cas, un plafond porté à 6 000 €
Lorsque l’entreprise dispose d’un accord d’intéressement ou de participation en vigueur, le plafond peut être doublé, atteignant 6 000 € par bénéficiaire.
Conditions d’accès au plafond majoré
Cette majoration suppose que l’accord d’intéressement soit valide à la date de versement de la prime. Les entreprises doivent en conserver la preuve en cas de contrôle.
Régime pérenne d’exonération sociale et fiscale
Exonération des cotisations sociales
La PPV bénéficie d’une exonération de cotisations patronales et salariales (hors CSG et CRDS). Ce régime s’applique à tous les employeurs relevant du droit privé, y compris les associations.
Précisions sur la CSG et la CRDS
La prime reste soumise à la CSG et à la CRDS, calculées sur 98,25 % de son montant brut. Elle n’est pas intégrée dans le revenu net imposable pour les salariés à faibles revenus (sous conditions).
Réintégration dans l’assiette de la réduction générale (LFSS 2025)
Depuis la LFSS 2025, la PPV est réintégrée dans le calcul de la réduction générale des cotisations patronales. Cette disposition harmonise les règles et sécurise le traitement social de la prime.
Régime d’exonération renforcée (jusqu’à fin 2023)
Exonération pour les salariés à moins de 3 SMIC
Jusqu’à la fin 2023, les salariés ayant perçu moins de 3 SMIC bénéficiaient d’une exonération totale (CSG/CRDS et impôt). Ce régime n’est plus applicable en 2025, sauf cas transitoires.
Méthode de calcul du seuil des 3 SMIC
Le seuil de 3 SMIC se calcule sur la rémunération annuelle brute. Les primes, gratifications et heures supplémentaires doivent être incluses dans le calcul.
Spécificités d’application pour Mayotte
À Mayotte, les exonérations s’appliquent selon des seuils spécifiques tenant compte du SMIC local et des particularités du droit du travail ultramarin.
Dispositions transitoires (2022)
En 2022, certaines entreprises ont pu cumuler la PEPA (ancienne prime Macron) et la PPV. Ce cumul reste neutre fiscalement si les conditions d’éligibilité étaient respectées.
Versement et intégration sur le bulletin de paie
Versement en une ou plusieurs fois
La prime peut être versée en une seule fois ou fractionnée en plusieurs paiements, dans la limite d’une année civile. Cette souplesse permet d’ajuster la trésorerie de l’entreprise.
Points de vigilance en cas de versement fractionné
Chaque versement doit respecter les conditions de l’accord initial. Une modification non justifiée pourrait entraîner la perte des exonérations.
Présentation sur le bulletin de paie
La PPV doit apparaître sur le bulletin de paie sous un libellé clair, par exemple : « Prime de partage de la valeur (Loi n°2022-1158 du 16 août 2022) ».
Cas spécifiques : intérimaires et salariés des groupements d’employeurs
Règles pour les salariés intérimaires
Les salariés intérimaires perçoivent la prime par l’intermédiaire de leur agence d’emploi, qui applique les mêmes conditions que l’entreprise utilisatrice.
Application aux salariés des groupements d’employeurs
Les groupements d’employeurs versent la PPV aux salariés mis à disposition en respectant les mêmes règles d’attribution que pour leurs salariés permanents.
Impact du non-respect des conditions sur les exonérations
Contrôles URSSAF et régularisation
L’URSSAF peut contrôler la conformité du versement. En cas d’erreur, l’entreprise est invitée à régulariser la situation sans sanction immédiate si la bonne foi est reconnue.
Conditions et risques de redressement
Le non-respect des critères d’attribution ou l’absence de justificatifs peut entraîner la réintégration des montants dans l’assiette des cotisations sociales et un redressement.
Bonnes pratiques pour éviter les erreurs
- Conserver la DUE ou l’accord d’entreprise signé.
- Respecter les délais et conditions de versement.
- Vérifier la conformité DSN avant envoi.
FAQ – Questions fréquentes sur la prime de partage de la valeur
- Quelle est la différence entre PPV et prime Macron ? — La PPV succède à la prime Macron depuis 2022, avec un cadre pérenne.
- La PPV est-elle imposable ? — Oui, depuis 2024, sauf exceptions transitoires pour les bas salaires.
- Comment déclarer la PPV ? — Dans la DSN, sous le code type « 902 » ou équivalent selon la version logicielle.
- Peut-on verser la PPV plusieurs fois ? — Oui, si cela est prévu dans l’accord.
- Les apprentis peuvent-ils bénéficier de la PPV ? — Oui, s’ils sont salariés de l’entreprise.
- La PPV est-elle obligatoire ? — Non, elle reste facultative, mais fortement incitée.
1. Qu’est-ce que la prime de partage de la valeur (PPV) ?
La prime de partage de la valeur (PPV) est un dispositif de partage entre l’entreprise et ses salariés visant à redistribuer une partie des performances économiques sous forme de prime exceptionnelle. Instituée dans un objectif d’intérêt général, elle favorise le pouvoir d’achat tout en renforçant la cohésion sociale. La PPV peut être versée une ou plusieurs fois au cours d’une année civile, selon la stratégie de l’employeur. Ce mécanisme s’adresse à tout salarié disposant d’un contrat de travail au moment du versement, dans le respect des conditions fixées par la loi et précisées dans le Bulletin officiel des finances publiques et du travail.
2. Comment calculer le montant de la prime de partage de la valeur ?
Le montant de la prime est librement déterminé par l’entreprise, mais il peut être modulé en fonction de critères objectifs, comme la durée de présence effective dans l’entreprise ou la rémunération du salarié. Ainsi, un salarié présent toute l’année bénéficiera d’une PPV complète, tandis qu’un collaborateur entré en cours d’exercice ou en congé maternité pourra percevoir un montant ajusté selon le temps de présence. Ce calcul doit être clairement défini dans l’accord ou la décision unilatérale, conformément aux recommandations du Bulletin officiel, garantissant la transparence et l’équité du dispositif.
3. Qui peut bénéficier de la prime de partage de la valeur ?
Peuvent bénéficier de la PPV tous les salariés titulaires d’un contrat de travail, qu’ils soient en CDI, CDD, à temps plein ou partiel, dès lors qu’ils figurent sur les effectifs de l’entreprise à la date de versement. Les apprentis et alternants sont également concernés, de même que les intérimaires, lorsque l’entreprise utilisatrice en accorde à ses employés permanents. Le niveau de classification et la performance individuelle peuvent influencer le montant, à condition que les critères d’attribution soient transparents et équitables. L’objectif reste de reconnaître la contribution de chacun dans un dispositif de partage équitable.
4. Quel est le montant de la prime de partage de la valeur ?
Le montant de la prime n’est pas fixé par la loi, mais plafonné pour bénéficier d’une exonération de la prime de cotisations sociales et fiscales. En principe, ce plafond est de 3 000 euros par an et par salarié, mais il peut être porté à 6 000 euros si l’entreprise met en place un plan d’épargne salariale ou un accord d’intéressement. Ce mécanisme vise à encourager les entreprises à coupler la PPV avec une politique de motivation durable. L’idée est d’assurer un partage équitable des résultats, proportionné à la rémunération du salarié et conforme aux textes de référence du Bulletin officiel.
5. Quelle est la limite de la prime de partage de la valeur (PPV) ?
La limite de la prime de partage de la valeur dépend du cadre d’exonération de la prime prévu par la loi. Le plafond standard de 3 000 euros par salarié et par année civile s’applique, sauf si un plan d’épargne salariale ou un accord de participation est en vigueur, auquel cas la limite est doublée. Au-delà de ces montants, la prime est soumise aux cotisations sociales et à l’impôt sur le revenu. Ces plafonds garantissent un équilibre entre la reconnaissance du travail des salariés et le respect des règles de gestion définies par le Bulletin officiel et les lois de financement de la sécurité sociale.
6. La prime de partage de la valeur est-elle versée en brut ou en net ?
La prime de partage de la valeur est versée en montant brut, avant déduction de la CSG/CRDS et éventuelles cotisations. Après ces prélèvements, le salarié perçoit un montant net affiché sur son bulletin de paie. Dans la plupart des cas, la rémunération du salarié n’est pas impactée par cette prime, car elle s’ajoute au salaire habituel. L’entreprise bénéficie d’une exonération de la prime partielle ou totale selon les conditions prévues par le dispositif de partage et l’intérêt général poursuivi. Ce traitement fiscal et social favorise la distribution de primes tout en allégeant le coût pour l’employeur.
7. Comment déclarer la prime de partage de la valeur ?
La PPV doit être déclarée via la Déclaration Sociale Nominative (DSN), sous le code spécifique mentionné dans le Bulletin officiel. Elle figure également sur le bulletin de paie du salarié, avec la mention « Prime de partage de la valeur – Loi 2022-1158 ». L’entreprise doit préciser le montant de la prime, la durée de présence effective et le statut du salarié à la date de versement. En cas d’adhésion à un plan d’épargne salariale, la PPV peut y être versée directement, favorisant l’épargne collective et la fidélisation des collaborateurs dans un esprit d’intérêt général.
Conclusion – Un levier durable pour renforcer le pouvoir d’achat et la fidélisation
La prime de partage de la valeur s’impose comme un outil central des politiques RH modernes. Bien appliquée, elle favorise le dialogue social, valorise les salariés et améliore la compétitivité de l’entreprise. Pour une mise en œuvre sécurisée, il est conseillé de se faire accompagner par un expert en paie ou en droit social afin d’assurer la conformité et d’optimiser les avantages fiscaux.









